Les enfants et le deuil : quand l’écriture aide à apprivoiser la douleur

Les enfants et le deuil : quand l’écriture aide à apprivoiser la douleur

La Toussaint est souvent un moment où le souvenir de ceux qui nous ont quittés refait surface. Pour les adultes, c’est une période de recueillement, parfois de mélancolie. Pour les enfants, en revanche, c’est une expérience souvent déroutante, difficile à comprendre et à exprimer.

Comprendre le deuil chez l’enfant

Un enfant ne vit pas le deuil comme un adulte. Selon son âge, il ne perçoit pas toujours la mort comme une réalité définitive. Certains pensent que la personne disparue reviendra, d’autres craignent qu’un nouveau départ ne survienne à tout moment.
Les émotions se mêlent : tristesse, colère, peur, culpabilité, incompréhension…

L’enfant a besoin de mots simples, de repères rassurants et surtout d’un espace d’expression bienveillant. Ce n’est pas seulement la disparition qui le bouleverse, mais aussi la sensation que tout son monde affectif s’effondre.

Mon expérience d’enseignante

Au fil de mes années d’enseignement, j’ai accompagné plusieurs enfants confrontés à la perte d’un parent.
Ces élèves portaient un poids immense — celui de l’absence, du sentiment d’abandon, du vide laissé dans leur quotidien.
J’ai souvent observé que la tenue d’un journal leur apportait un réel apaisement.

Écrire devenait pour eux un espace intime, un lieu sûr où déposer leur chagrin, leurs souvenirs, leurs colères parfois, leurs questions souvent.
Certains y écrivaient chaque jour une phrase adressée au parent disparu ; d’autres dessinaient ou notaient des petits moments heureux vécus ensemble. Peu à peu, les mots faisaient leur œuvre : ils réparaient ce qui pouvait l’être, apaisaient ce qui restait trop douloureux pour être dit à voix haute.

Écrire pour se relier et pour se réparer

L’écriture aide à donner forme à l’indicible. Elle transforme la douleur en mots, le désarroi en récit, la perte en lien symbolique.
Elle permet à l’enfant :

• d’exprimer ce qu’il ne peut pas toujours dire ;

• de garder un lien avec la personne disparue ;

• et de retrouver, doucement, une continuité intérieure.

Écrire, c’est déjà reprendre un peu de maîtrise sur ce qui échappe.
C’est redonner du mouvement à la vie.

✏️ Quelques idées d’écriture pour accompagner un enfant en deuil

Ces propositions peuvent être adaptées à l’âge et à la sensibilité de l’enfant.
L’essentiel est de ne pas forcer, mais d’offrir un espace d’expression libre et bienveillant.

1. La lettre au disparu
   L’enfant écrit une lettre à la personne disparue : ce qu’il voudrait encore lui dire, ce qu’il regrette, ce qu’il aimerait lui raconter aujourd’hui.
   Cette lettre peut être gardée, déposée dans une boîte à souvenirs, ou symboliquement confiée au vent, à la mer, à une flamme…

2. Le journal du souvenir
   Un petit carnet où l’enfant note les souvenirs heureux partagés avec la personne aimée.
   Il peut y ajouter des photos, des dessins, des petits objets symboliques.
   Ce journal devient un trésor, un lieu de mémoire et de réconfort.

3. Le cahier des émotions
   Y écrire (ou dessiner) ce que l’on ressent : la colère, la tristesse, la peur, mais aussi la gratitude, les instants de paix…
   L’enfant apprend à reconnaître ses émotions, sans les juger.

4. L’histoire métaphorique
   Inventer un conte ou une histoire où la séparation est symbolisée : un oiseau qui s’envole, une étoile qui brille, un arbre qui perd ses feuilles mais prépare déjà le printemps…
   Ces récits permettent de transformer la perte en métamorphose.

5. Le carnet de gratitude
   Écrire chaque jour une petite chose belle ou douce vécue dans la journée.
   Cela aide l’enfant à reconnecter à la vie et à percevoir qu’il y a encore de la lumière malgré la douleur.

Le rôle apaisant de la graphothérapie

Dans un cadre de graphothérapie, l’écriture retrouve toute sa dimension expressive et réparatrice.
À travers des exercices adaptés, on aide l’enfant à retrouver confiance dans son geste, à se détendre, à laisser circuler l’émotion sans qu’elle n’entrave le mouvement.
Le geste graphique, quand il devient fluide, permet aussi à l’enfant de retrouver une respiration, un ancrage, une forme de présence à soi.

L’écriture n’efface pas la perte, mais elle aide à apprivoiser la douleur.
Elle devient un fil de vie, discret mais solide, qui relie ce qui a été à ce qui continue d’être.

🕊️ Mettre des mots sur la peine, c’est déjà commencer à la transformer.
Pour les enfants, l’écriture peut devenir une main tendue vers la lumière, un chemin vers la paix.

Quelques liens utiles

• Empreintes – Accompagnement du deuil chez l’enfant

https://www.empreintes-asso.com

• Collectif deuilS – Ressources et ateliers pour enfants

https://collectifdeuils.fr

• Vivre son Deuil – Bibliographie et guides pour enfants

https://www.vivre-son-deuil.com/aide-au-deuil/deuil-liens-ressources