Qu’est-ce que la dysgraphie ? Reconnaître et comprendre ce trouble de l’écriture

Qu’est-ce que la dysgraphie ? Causes, signes, diagnostic et accompagnement : un guide complet pour comprendre ce trouble de l’écriture et aider les enfants concernés.

GRAPHOTHÉRAPIE

Sylvia Gomès

11/11/20254 min read

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Qu’est-ce que la dysgraphie ?

Votre enfant écrit lentement, se plaint de douleurs dans la main ou fuit les devoirs écrits ?
Derrière ces difficultés, il ne s’agit pas toujours d’un manque d’application… Parfois, c’est la dysgraphie qui s’exprime.

La dysgraphie est un trouble spécifique et durable de l’apprentissage qui affecte la qualité et la fluidité de l’écriture manuscrite.
Contrairement à une simple maladresse, elle se traduit par une écriture lente, irrégulière, souvent illisible ou fatigante, et demande un effort cognitif important.

C’est un trouble neurodéveloppemental, c’est-à-dire qu’il touche le développement du cerveau, et qu’il survient sans déficit intellectuel ni neurologique.
Environ 10 % des enfants sont concernés, à des degrés divers.

La dysgraphie n’a rien à voir avec un manque d’intelligence ou de volonté.
Elle résulte d’une mauvaise coordination entre le cerveau et les muscles de la main, ce qui perturbe la planification et la réalisation du geste graphique.

Comment reconnaître la dysgraphie ?

Les premiers signes apparaissent souvent dès le début de l’apprentissage de l’écriture (autour de 6–7 ans) :

  • lettres inégales, espacements irréguliers ;

  • pression trop forte ou trop faible sur le papier ;

  • lenteur, effacements fréquents ;

  • posture crispée ou douloureuse ;

  • fatigue rapide ;

  • évitement des activités d’écriture.

Chez l’enfant plus âgé, on observe souvent une écriture illisible malgré les efforts, une tenue du crayon inadaptée, des crampes ou douleurs, et parfois une baisse de motivation scolaire.

Il ne faut pas s’y tromper : ces enfants fournissent énormément d’efforts.
Mais leur écriture leur coûte cher, physiquement et mentalement. Les remarques du type «Applique-toi ! » ou « Tu écris bien quand tu veux ! » ne font qu’accentuer leur tension… et peuvent conduire à un véritable blocage à l’écriture.

Les causes possibles

Les causes de la dysgraphie sont variées et souvent combinées :

  • immaturité motrice au moment de l’apprentissage ;

  • difficultés de latéralisation ou de perception du schéma corporel ;

  • tenue du stylo ou posture inadaptée ;

  • troubles associés (dyslexie, dyspraxie, TDA/H, dysorthographie…) ;

  • troubles de la coordination œil-main ou de la motricité fine ;

  • contexte familial, scolaire ou émotionnel défavorable ;

  • et plus rarement, pathologies neurologiques ou retard de développement.

On rencontre aussi des cas de dysgraphie chez les enfants à haut potentiel, dont la pensée rapide contraste avec une motricité fine encore immature.

Comment la dysgraphie est-elle évaluée ?

Le graphothérapeute établit un bilan graphomoteur qui permet d’analyser précisément les difficultés d’écriture :

  • posture, préhension, mobilité du poignet et des doigts ;

  • rythme, régularité, pression sur le papier ;

  • lisibilité, organisation spatiale ;

  • ressenti émotionnel et motivation de l’enfant.

Ce bilan met en évidence les origines du trouble et distingue une véritable dysgraphie d’un simple retard d’apprentissage.
Le diagnostic médical (type de dysgraphie, trouble associé, etc.) est ensuite posé par un médecin, souvent dans le cadre d’une évaluation pluridisciplinaire.

Les recherches récentes

Les études les plus récentes confirment que la dysgraphie est un trouble complexe et multidimensionnel.
Plusieurs axes de recherche sont actuellement explorés :

1. Le dépistage précoce grâce aux technologies

Des chercheurs développent des outils numériques capables d’analyser l’écriture en temps réel : capteurs de pression, stylets connectés, reconnaissance de tracés ou encore intelligence artificielle.
Ces dispositifs permettent de repérer très tôt des anomalies du geste graphique (Springer, 2024 ; MDPI, 2024).
Mais ces outils ne remplacent pas l’œil humain : ils viennent compléter l’observation du graphothérapeute.

2. De nouvelles approches de la rééducation

Les recherches montrent que l’entraînement du geste, la motricité fine et la posture restent au cœur du travail de rééducation.
Les outils numériques peuvent servir de support ludique ou complémentaire, mais l’accompagnement humain et progressif demeure essentiel (PMC, 2025).

3. L’impact sur la qualité de vie

Des études récentes (MDPI, 2022 ; PubMed, 2023) soulignent que la dysgraphie ne se limite pas à l’écriture : elle peut affecter la confiance en soi, la coordination motrice et même la qualité de vie physique et scolaire.
Rééduquer l’écriture, c’est donc aussi apaiser la relation de l’enfant à l’école et à lui-même.

À partir de quel âge peut-on la suspecter ?

Des difficultés peuvent être observées dès la maternelle, lorsque l’enfant commence à utiliser un crayon.
Cependant, un diagnostic fiable n’est possible qu’à partir de 7 ans environ, quand l’écriture cursive est suffisamment installée pour évaluer la fluidité et la régularité du geste.

Dysgraphie ou simple retard graphique ?

Un retard graphique se corrige généralement avec de la pratique et un encadrement bienveillant.
La dysgraphie, elle, est persistante : malgré les efforts, l’écriture reste coûteuse et difficile.
C’est pourquoi un bilan graphomoteur est essentiel pour adapter la prise en charge.

Dysgraphie et dyslexie : deux troubles différents

La dyslexie touche la lecture et la reconnaissance des mots ; la dysgraphie touche le geste d’écriture.
Elles peuvent coexister dans environ 30 % des cas, mais nécessitent des approches différentes :

  • rééducation graphique pour la dysgraphie ;

  • travail phonologique et lecture pour la dyslexie.

En conclusion

La dysgraphie ne se résume pas à une écriture « moche » ou « mal soignée ».
C’est un trouble complexe, souvent invisible, qui pèse sur la confiance et la réussite des enfants.
Mais une prise en charge adaptée, bienveillante et progressive permet de véritables progrès : retrouver le confort du geste, le plaisir d’écrire et la fierté de produire un travail lisible.

Au cœur de la rééducation se trouve avant tout un objectif : redonner à l’enfant la liberté d’écrire sans douleur ni peur.

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